Deux hommes sur la route...

C'est de nouveau entourré par l'étendue glacée et blanche de la banquise de Yuki, que le chef de la Lune Rouge marchait, sa cape noire contrastant violement avec le paysage pur des envirrons. Il était seul et ne semblait pas préssé plus que cela, sa démarche étant souple et calme et son regard se baladant à droite à gauche. Depuis qu'il avait quitté les portes de Yuki, il n'avait toujours pas remis en place son chapeau de paille, le laissant doucement balloter dans son dos, permettant à son visage de se baigner des rayons de ce soleil furtif de début d'après-midi. Il ne ressentait pourtant aucune chaleur sur sa peau. Le pays était bien trop hivernal et glacé, même pour le soleil lui-même, l'astre le plus brûlant de notre galaxie. Sa chaleur n'arrivait même pas à percer l'atmosphère de glace des envirrons et il pouvait seulement se contenter de briller d'une manière bien pâle à travers les brumes quotidiennes de ces landes de glace. Le silence était maître en ces lieux. Aucuns oiseaux, aucuns petits rongeurs s'ahasardant à mettre le museau hors de leur terrier, seulement le craquement régulier de la neige cédant sous les pieds de l'homme à la cape noire. Chose étrange, malgré l'épaisseur hallucinante de la neige, l'homme semblait flotter au-dessus d'elle et, au lieu de laisser sur son passage un sillage de neige labourée, il laissait seulement des empreintes de sandales, à peine marquées dans le sol. On ne pouvait en déduire qu'une chose : cet homme était aussi léger qu'une plumme. Cela lui convenait parfaitement car, étant de condiction physique plutôt fragile, il n'avait, au moins, pas à s'incommoder de tous ces obstacles naturels qui lui auraient rendu le voyage difficile. Grâce à son don, il pouvait parcourir les routes pendants des jours et des jours sans éprouver la moindre fatigue. Toutefois, ce don était un don à part et, comme s'il venait de s'en rapeller, l'homme s'arrêta et jetta un regard vers l'arrière. Quelqu'un devait-il alors le suivre ? Sûrement car, il croisa les bras et se mit en position d'attente, jambe droite relachée, tout en continuant de regarder dans la direction de Yuki, un léger sourire accroché à ses lèvres.

" Ffff, as-tu osé me suivre Hikikomoru-kun ? "

Voilà deux jours qu’Hikikomoru et le mystérieux individu avaient quitté Yuki. Ils avaient traversé la plaine soufflée par les vents glacés du septentrion, passés par la forêt de cèdres blancs ou Hikikomoru aimait se réfugier, franchis la rivière gelée, semée de trous de pécheur. S’ils avaient voulu, ils auraient pu se retourner, une fois grimpée les collines ferreuses, pour apercevoir les derniers éclats métalliques de Yuki, petite flamme orangée dans ce monde tout blanc, petite sœur du soleil dans l’imperturbable désert de glace environnant.

Mais, trop absorbé dans ses méditations, trop chamboulé par l’avalanche des évènements récents, Hikikomoru n’eu pas la moindre pensée pour ce village qui l’avait recueilli en son sein, nourri, chauffé, instruit quand il en avait le plus besoin. Non, pas la moindre reconnaissance. Tout son être jeté vers la vengeance d’un passé bien antérieur à sa vie Yukienne. Faisant fi des contraintes physiques (que ce soit les hurlements dindonesques de son estomac, les gerçures ensanglantées coupant sa lèvre, ou le gel progressif de ses 8 orteils), le jeune homme avait un objectif simple : rattraper ce point noir qui se dirigeait vers le nord. Et une certitude : ce point noir était l’incarnation de son pire ennemi, une fois rattrapé, il lui faudrait être fort.

Déboussolé par l’immensité claustrophobique de l’espace arctique, assourdi par le silence criant de la banquise, éblouit par les reflets glaçés du soleil blanc des pôles, Hikikomoru entendit résonner aux quatre coins de son cerveau engourdi la voix grinçante et vieillie de son ancien maître :

" Ffff, as-tu osé me suivre Hikikomoru-kun ? "

Cette voix nasillarde et ce rire moqueur firent au garçon l’effet d’un cutter sur sa gorge, d’une lame de rasoir sur son poignet. Le jeune homme s’effondra sur la banquise rocailleuse, s’écorchant les genoux, et mit sa tête entre ses jambes, trouvant dans cette position fœtale un réconfort certain. Puis désirant exorciser cette voix il se mit à hurler

AAAAAAAAAAARRRRRRRRRRRRRRGGGGGGGGGGGGHAAAAHHHAHHAAAAAARA
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAGHHHHHHHH
Une fumée noire, épaisse et suffocante s’échappait de l’échine du garçon, se répandant sur le sol comme une marée noire et au dessus de lui comme un nuage de charbon.

[ps: j'adore ton avatar. La classe avoir une fouine comme instructeur!]

[ Une fouine c'est intelligent au moins.. pas comme de vulgaires doigts. Razz

]

L'homme à la cape noire ne scilla pas d'un pouce et ne fit pas un seul mouvement vers l'avant pour apporter son aide lorsque le jeune garçon aux cheveux noirs qui l'avait rejoint tomba à terre en hurlant comme un dément. Il avait soudainement l'air d'être pris de folie ou d'une douleur si forte qu'il en perdait la raison. Il n'y avait aucun doute là dessus, que ce soit physique ou psychique, Hikikomoru souffrait en ce moment le marthyr. La position foetale dans laquelle il c'était mis semblait lui apporter un certain réconfort mais surtout, ce replis sur soi démontrait bien à quel point le moment traversé par le jeune homme réveillait des choses profondes en lui qui n'étaient pas heureuses à son souvenir. Le chef de la Lune Rouge pouvait comprendre la douleur traversée en ce moment par le jeune garçon. Il était passé par là lui aussi ; par ce moment où l'on donnerait tout pour oublier mais où le souvenir est si vif dans votre chair qu'il vous brûle et vous consumme d'une haine ardente et inépuisable. L'homme sourit à la vision de cette peine criante qui avait envahit Hikikomoru. Ce petit était de plus en plus intérréssant aux yeux de Tokito. Il était rongé par la haine, dévoré par le désir de vengeance et de tuer. Même si, pour l'instant, sa haine ne portait que sur un seul homme, il prendrait plaisir à lui ôter la vie puis, à d'autre. Car, même s'il le haissait, voulait sa mort, sa vie entière avait tourné autour de Ojiikaku et, au moment où il le tuerai, la soulagement laissera bientôt place au manque. Un manque cruel qu'il ne serait pas capable de définir. Alors, il se mettrait à tuer d'autres personnes, toujours plus, toujours plus car, à chaque fois que l'on ôtait une vie, le trou déjà béhant du manque de la personne disparût se creusait encore un peu plus. A chaque coup de lame transperçant le coeur encore battant d'une vie, le plaisir envahissait d'abord l'esprit mais ensuite... il y avait toujours ce creu qui vous gênez, ce trou qu'il fallait continuer de boucher en tuant, sans savoir qu'on ne faisait que le creuser encore plus. Ce phénomène était un cycle sans fin, une boucle bouclée dont on ne pouvait s'échapper et où les hommes prient à l'intérieur passaient leur temps à courir après leur propre ombre. Hikikomoru venait de s'engager vers l'entrée de ce cercle infernal et lui, l'homme au pouvoir divin, n'allait rien faire pour empêcher cela, bien au contraire.
Alors que le corps d'Hikikomoru laissait maintenant échapper un nuage de fumée noire et opaque, les même mains de bois qu'à Yuki, surgirent de la neige et vinrent attraper le garçon sous les bras pour le forcer à se remettre debout. Tokito qui était à quelques mètres de son compagnon, disparut pour réaparaître aussitôt et instantanément, juste devant lui. Son bras jaillit sans que l'on puisse le voir et vint frapper violement le visage d'Hikikomoru. Sans les mains de bois qui le tenaient, il aurait fait un vol planné de plusieurs dizaines de mètres tellement le coup était puissant. Tokito lui sait ensuite les épaules et le força à ploger son regard dans le sien qui était aussi dur et froid que le métal.

" Regarde moi. Tu crois que c'est en te laissant abatre comme ça que tu arriveras à tuer Ojiikaku ? Il n'est pas qu'un vulgaire savant fou auquel tu n'auras qu'à couper la gorge. Tu ne deviendras jamais fort si tu laisses ta peur et ta faiblesse primmer sur ta haine. Aprivoises tes émotions et plis les à tes ordres. Les sentiments ne sont pas inutiles lorsqu'ils sont bien utilisés, n'oublis pas ça. Si tu ne peux pas supporter ce que je te demande alors vas-t'en et vas croupir au fond d'une grotte à ruminer tes sombres souvenirs. Si tu n'es pas capable de les affronter alors ne rejoins pas la Lune Rouge comme tu es en train de le faire. Si tu arrives jusqu'à notre repair, tu rencontreras des gens qui essayeront de te briser psycologiquement alors ne fais pas un pas de plus si tu ne pense pas réussir à les affronter. Ne crois pas que je t'ai pris avec moi pour te protéger, je t'utilise seulement. Souviens toi aussi de ça. Tu dois trouver toi-même ta force si tu veux continuer à mes côtés. "

Les paroles cinglantes de l’étrange étranger rappelèrent Hikikomoru à la réalité. Honteux de son délire debout, mais en même temps impressionné par la réaction qu’avait fourni son corps le jeune garçon ne savait plus ou se cacher. En plus la vaste plaine de glace offrait peu d’aspérités pouvant servir de refuge.

Entre honte et désir de sauver la face, le garçon pensa que l’aplomb était la seule solution pour contrecarrer sa folie. Il lui fallait donc imposer à son interlocuteur une maitrise de soi implacable. D’autant qu’Hikikomoru n’était toujours pas informé des desseins de l’individu, quoique... l’homme avait parlé de lune rouge. Il avait également mentionné le fait qu’il allait « l’utiliser ». Et ca, il n’aimait pas. Cependant, quels enseignements cet homme pouvait lui fournir ! Son charisme magnétique et ses connaissances en art ninja… Hikikomoru se rendit compte de la folie qui l’avait gagné lorsqu’il quitta Yuki.

Rompant ce monologue intérieur, le garçon se dégagea vivement de l’emprise de l’homme à la cape noire et s’assit résolument par terre, au centre du cercle de suie noire qu’il avait crée et en plantant ses yeux dans le regard aiguisé (au sens ‘douloureux à regarder dedans’) de ‘lhomme de la lune rouge, il lui dit dans une économie de mots qui se voulait saignante:

Veuillez m’excuser. J’ose espérer que cela ne se reproduira plus… Je ferais même de mon mieux pour ne plus vous décevoir de la sorte. Mais je suis épuisé. Faisons une pause, et dites m’en plus sur l’endroit ou nous allons.

Oh ! et avant tout, j’ai besoin de connaître votre nom.

[hrp: le Kosovo, c'est un endroit qui a connu la guerre. Récemment. Et comme tout les endroits qui ont connu la guerre, cette région m'interesse. Pour en savoir plus lis du Paul Garde Tazuki. Et j'espère que je pourrais me battre contre toi si vous attaquez la grotte! Mais S'il te plait... cultive toi un peu avant.]

HRP: hehehe, je n'y manquerait pas ^^ Et moi aussi j'espère me mesurer à toi ^^

Honte, appréhension, crainte, remords peut-être même... Autant de sentiments qui se lisaient au fond de ses pupilles sombres, en cet instant d'asthénie pour le jeune garçon aux cheveux noirs. Perdu ? C'est ce qu'il semblait être même s'il réfléchissair ardemment pour essayer de se dépétrer de cette situation désagréable dans laquelle il s'était pourtant plongé volontairement à la base. Le jeune homme énigmatique au visage d'ange ne l'avait en rien forcé. Oh, il l'avait bien évidemment fortement influencé consciencieusement. Tout d'abords par son charisme légendaire mais aussi par l'appât clairvoyant de lui livrer en bonne et du forme le savant Ojiikaku, objet de toute la haine habitant son interlocuteur. Mais celui-ci avait fait seul le choix de se porter en avant et de s'engager sur ce chemin fangeux et instable qui le mènerait tout droit entre les griffes invisibles mais bien menaçantes de l'antre de l'Akatsuki. Il se disait peut-être avoir fait une erreur en ayant quitté si précipitamment et avec aussi peu d'informations l'enceinte rassurante du village de Yuki, et peut-être même avait-il raison de penser de la sorte ! Mais aucun retour en arrière n'était envisageable et il le comprit bien rapidement, son regard changeant soudain du tout au tout et prenant une expression déterminée avant de se dégager d'un geste vif de l'emprise qu'exerçat la main du chef de la Lune Rouge sur son épaule. Suite à cela, il se laissa tomber en arrière pour venir s'assoir au milieu de cercle de suie noirâtre, qu'il avait provoqué quelques minutes auparavent, pour tenir des propos qui se voulaient être l'expression d'u certain repentir... dont l'homme se fichait totalement. Il n'avait que faire des excuses, des geignasseries mièvres (pas très français tout ça XD) et de tout ce qui s'en raprochait de près ou de loin. Mais il ne le coupa pas pour autant et se contenta de croiser les bras sur son torse après avoir laissé échapper un léger soupir de lassitude comme s'il n'aimait pas l'idée d'être retardé plus que nécessaire. Même si sa sereinité et sa neutralité parfaite était revenue, il eut tout de même de nouveau un regard froid et dur, légèrement inquisiteur, lorsque le garçon lui redemanda son pour la deuxième fois. Il perdait pas le nord lui... Mais bon, après tout pourquoi et de toute manière il finirait bien par le savoir lorsqu'il arriverait jusqu'à l'antre. C'est juste que l'homme prudent voulait prendre le moins de risques possibles. Enfin, il ne sentait aucune présence aux alentours, pas même celle d'un oiseaux ou d'un petit mamifère qui auraient pu s'avérer être gênant et colporteurs d'informations.

" Hmm, tu es insistant comme garçon... Mais soit. Pour toi je me nommerai Tokito, le reste ne te concerne pas. Quant à l'endroit vers lequel nous nous dirigeons, il n'est autre qu'un des nombreux repaires de l'Akatsuki. Mais tu dois aussi te demander ce qu'est exactement l'Akatsuki hé ? C'est une organisation composée de criminels de rang S voir S+. Pour l'instant nous sommes trois sans te compter : Attila Maruboshi, une jeune femme aussi impresionnante qu'elle est sarcastique et charismatique ; Kyoishiro Kayiro, un garçon des plus charmants qui a à peu près ton âge mais qui te surpasse de beaucoup et avec lequel il te faudra user d'une certaine distance si tu ne veux pas finir par voir ta tête séparée du reste de ton corps... Hum, et puis moi, bien sûr qu'on pourrait qualifier de chef même si je ne m'en sent pas l'âme. Nous aspirons tous à la même au même but : découvrir la quintessence même de ce monde, voir au delà du réel et atteindre l'Absolu. Et toiHikikomoru ? Veux-tu Voir ? "

Voir?

Quelle étrange proposition… Le jeune garçon sentit dans un courant d’air glacé qu’un moment crucial allait maintenant se dérouler. Comme si un contrat tacite découlerait de la réponse fournie par Hikikomoru. Cela le fit frissoner (sans dec !!! on est sur la banquise !!!). On lui proposer donc de rejoindre une organisation illégale, peuplée de dangereux maniaques, pour trouver une solution à toutes les questions du monde…

Non seulement ceci froissait le sens inné de la justice de l’enfant à l’écharpe violette, mais en plus l’ambition stupide de cette organisation était lui semblait autant absurde que dénuée de sens. Cependant, Hikikomoru se douta toute alternative à une réponse positive allait sérieusement remettre en cause un bon paquet de trucs, notamment sa volonté de retrouver son tortionnaire. Et puis un non a pourrait porter gravement sur les nerfs de son interlocuteur…

Mais bon, le soucis de l’hônneteté l’emportant, Hikikomoru s’entendit murmurer d’une voix mal assurée :

Bof.

Puis trouvant que l’on avait assez parlé, et contenté par les explications vaseuses de l’homme à la capuche, il reprit sa route. Au bout de quelques mètres, il se retourna vers l’étranger qui était resté hébété par la réponse et lui lança d’un ton hésitant :

On ne reprend pas la route ?